Bjour à toutes et tous,

passons très vite sur le temps et le blabla habituel, rien ne change ici, vivement l’été. Mon danois s’améliore lentement, il est presque aussi bon que mon japonais, c’est pour dire le niveau... La vie va bientôt devenir infernale au bureau, un ifmalien vient passer deux mois ici pour faire son PIFE. En clair cela veut dire qu’il y aura pratiquement autant de français que de danois à travailler dans les bureaux pendant deux mois. Du coup, je sens que je vais encore moins parler anglais qu’avant, et que très prochainement je vais passer des journées entières en ne parlant que francais. C’est dur la vie à l’étranger.

Mais le plus dur n’est pas de parler sa langue maternelle, mais d’affronter ce que l’on pourrait qualifier de barbarisme si l’on était en France. C’est ce que l’on a coutume d’appeler la culture locale, et aujourd’hui il faut que j’en parle :-]

Avant de partir, l’idée que je me faisais de la cuisine française était que, certes on avait des grands chefs, mais que tant parler de cette cuisine était surfait. Seulement, après avoir vu du camembert danois pâné, à manger chaud "en entrée ou au dessert", au rayon surgelés, vous commencez à avoir des doutes. Ce jour là, je suis resté au moins dix minutes planté devant les boîtes des différentes marques, à regarder les suggestions de préparation. Autant dire qu’aujourd’hui, j’en suis encore sur le c...

Mais ça c’est l’exceptionnel, c’est l’événement qui boulverse toute une vie : du camembert pâné. Je crois que j’aurais vraiment du mal à m’en remettre. On ne peut parler de cuisine sans parler du quotidien, et en particulier du déjeuner, ou frokost comme on dit ici. Le principe de ce qu’on fait à la boîte est simple, et danois : des tranches du pain noir local, et dessus, tu meubles avec ce que tu veux. Exemple, pas plus tard qu’aujourd’hui, la tranche de pain beurrée, euh non, margarinée, avec par-dessus des maqueraux à la tomate, le tout recouvert d’une bonne couche de mayonnaise. Miam. Mais celui-ci est un peu extrême il faut l’avouer. Plus conventionnellement, mon empilement typique (et attention, il y a des règles), c’est pain recouvert de pâté de foie de porc, avec à la rigueur une fine tranche de viande de porc, recouverte elle-même de tranches de betteraves conservées dans du vinaigre, et pour parachever le tout, quelques lamelles de sky. Mais qu’est ce que le sky ? Le sky (prononcer sku, et pour toi Guitou, sk\"u), est un élément de base dans l’alimentation danoise.

Ça se marie avec quasiment tous les aliments, c’est peu calorique, et même les végétariens peuvent en manger. Alors alors ??? C’est tout simplement de la gélatine, colorée en marron. Et le pire, c’est qu’on en trouve absolument partout, et c’est vraiment cher pour ce que c’est. On trouve aussi une variante qui est le champignonsky, c’est la même chose, sauf qu’au fond de la boîte se trouvent quatre tranches de champignons de Paris qui ont perdus tout leur goût. Un autre que j’apprécie beaucoup est pain+tranches de saucisson recouverts de sauce remoulade, saupoudré de morceaux d’oignons frits. Par contre dans les saucissons c’est un peu tout et n’importe quoi, le seul impératif est que ce soit gras. Si ça n’est pas assez gras, ne pas hésiter à beurrer copieusement la tranche de pain avant de commencer l’empilage. Donc dans les saucissons, on notera la présence du saucisson de porc au cognac, ou encore le salami au vin rouge.

Je pourrais continuer longtemps... mais je préfère m’arrêter là.... arrg, non, encore un petit dernier : toujours la même tranche de pain beurrée, et par-dessus, déposer delicatement un bloc de mousse de hareng, arrosez de jus de citron, pressez bien fort le pot de mayonnaise, parsemer le tout de fines tranches de concombre, et pourquoi pas d’un peu de sky si le cÂœur (ou ce qu’il en reste) vous en dit.

Allez, vivement le retour et ce sera cassoulet, tartiflette et fondue bourguignonne.

Kame