Ingénieur informaticien, je suis ingénieur informaticien, j'aime les ordinateurs, Windows 98 

Cette comptine a peut-être bercé vos jeunes années, et construit chez vous cette image de l'informaticien, si proche de la machine qu'il en est à la limite des troubles du spectre autistique. Il est souvent vu comme un codeur ou pire, comme la personne qui sait y faire avec ces choses-là, désignant par cette expression ce nouvel espace ésotérique de la cyberfantasy, qui va vraisemblablement dominer le monde avec ses IA, un monde résolument incompréhensible et qui fait peur... enfin tous les machins avec de l'électricité et des boutons en somme.

L'informaticien ne serait là-dedans qu'un vague initié, gravissant les premières marches le rapprochant sans jamais pouvoir l'atteindre du prochain GADLU ? Comme nous l'avions vu dans LA DATA, normalement non, il n'y a pas de magie dans l'informatique, mais tentons un autre prisme que cette définition institutionnelle. Prenons par exemple l'excellent Que sais-je sobrement intitulé  L'informatique  par Pierre Mathelot de 1969. Année éro... intéressante dans le sens où elle nous a laissé le temps de nous éloigner de la mécanographie pour vraiment entrer dans l'ère de l'ordinateur. Que nous dit Pierre ?

L'informatique peut être définie comme la science du traitement logique et automatique du support des connaissances et des communications humaines, à savoir : l'information. Ce qui veut dire que l'informatique comprend tout à la fois et de manière indissociable, les moyens du traitement et leur fonctionnement, les méthodes de traitement, et l'étude des domaines d'application.

Puis plus loin.

Les machines ont conduit à la création de nouvelles catégories de professionels. On peut distinguer cinq catégories : 

  • les perforateurs et les opérateurs (niveaux voisins de celui de l'ouvrier spécialisé) qui assurent la perforation des cartes et des bandes et le fonctionnement des divers organes de la machine ;
  • les programmeurs (niveau voisin de celui de l'étudiant en propédeutique) qui, comme leur nom l'indique, écrivent les programmes ;
  • les analystes et les chercheurs (niveaux voisins de celui des étudiants diplômés des universités et des grandes écoles) qui pour mission de concevoir les organigrammes et d'élaborer et maintenir les outils de base que sont les systèmes et les langages.

A la vérité, le métier d'informaticien (pour utiliser une dénomination plus générale) s'introduit de façon complémentaire dans tous les domaines où des hommes, aujourd'hui, doivent penser leurs problèmes, en les confrontant aux méthodes et aux moyens nouveaux qui leur sont offerts, et dont nous avons parlé au chapitre précédent.

Si le mot  information  n'apparaît pas en tant que tel dans  analystes et chercheurs , la trame sous-jacente est bien là, tellement évidente qu'elle n'est pas rappelée : l'informaticien travaille sur tout le spectre de l'information qui va de la conception jusqu'au matériel ; l'information support de la connaissance et des communications. Ce point étant éclairci, il reste comme d'habitude des problèmes aux interfaces, aux frontières : le DATA ANALYST est-il avant l'information, et ne serait donc pas un informaticien ? Ou ne pourrait-on pas considérer que le DATA ANALYST d'aujourd'hui ne travaille déjà plus sur des données mais directement sur de l'information ?


Vous pouvez trouver le reste de la série sous l'article d'introduction.