dimanche 18 mai 2025

Que peut-on faire d'un ordinateur non programmable ?

En passant devant un Minitel 2 l'autre jour avec un jeune collègue de bureau, la question s'est posée de ce qu'était ce type d'ordinateur. Quelle était sa puissance ? Combien avait-il de mémoire ? Qu'est-ce qu'il pouvait faire ? Il a fait beaucoup, comme ouvrir une très grande population à la télématique et à la découverte des services distribués, au commerce en ligne, aux salons de discussions, et à toutes sortes d'autres services tarifés. Mais était-ce parce que sa mémoire ou sa puissance étaient imposantes ? Est-ce même un type d'ordinateur ?

Pour répondre à bon nombre de questions techniques, il suffit par exemple d'aller voir la page sur l'étude technique du Minitel 2 de Jean-François DEL NERO. Dans les grandes lignes, on peut retenir que la machine tourne autour d'un microcontrôleur (et pas microprocesseur) 8bit cadencé à 14MHz qui intègre 0,25ko de RAM, une ROM de 32ko et une "carte graphique" comportant 8ko de "RAM vidéo". Les données persistantes sont quand à elles stockées... nulle part. Le Minitel n'a en effet pas de stockage en lecture / écriture : il peut écrire dans sa RAM (la taille de 0,017% d'une disquette standard), mais d'une part les données sont perdues au redémarrage, et en plus le microcontrôleur ne peut physiquement pas exécuter du code provenant de celle-ci; il peut aussi exécuter le programme écrit dans sa ROM, mais n'a pas de capacité à écrire dedans.

Pour la différence entre le microcontrôleur et le microprocesseur, on peut dire que le microcontrôleur est l'ancêtre du SoC (System on a Chip), c'est-à-dire qu'il fait tout tout seul, et qu'en conséquence il n'a aucune flexibilité d'amélioration possible au niveau matériel, exactement comme un téléphone intelligent ou une tablette de scribe moderne. Cette différence n'est donc pas fondamentale pour qualifier la machine d'ordinateur ou pas. En l'occurence, le jeu d'instruction de son microcontrôleur est très bien défini (MCS 51) et n'a pas à rougir devant par exemple celui du Z80. On peut d'ailleurs le voir dans cette vidéo de démonstration, à regarder comme Véronique, sans son.

On est donc bien en présence d'un ordinateur qui, du point de vue de l'utilisateur, n'est absolument pas programmable : d'une part parce que cela implique d'ouvrir le boîtier pour extraire l'EPROM et la flasher, et d'autre part, plus trivialement, parce que ces machines étaient la propriété d'Orange de France Télécom qui l'interdisait purement et simplement.

Le fait de ne pas être programmable paraît être extrêmement limitant, et pourtant le Minitel est réputé avoir ralenti la pénétration d'internet et même du web en France. Tout simplement parce qu'on peut faire énormément de choses, et par énormément, j'entends tout ce que le web permet. Pas ce qu'internet permet évidemment, il n'y a pas d'internet dans un monde non-programmable, mais le web le rend possible. Avec deux limites évidemment : le web demande plus de travail côté destinataire (le terminal) que de la part du serveur. Très concrètement, il faut beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de mémoire pour le web que pour le minitel. Et la deuxième limite est que le web a cédé sa place à la vision de Google, à un truc qui se doit d'être programmable, maquillé en web.

Pourquoi faut-il se méfier de la sécurité des sites web ? Parce que le navigateur est devenu une machine programmable. Pourquoi votre site web n'est pas éco-conçu ? Parce qu'il s'adresse à une machine programmable. Alors que peut-on faire du Minitel, cet ordinateur non programmable ? Redevenir responsables, éco ou autre :-)

dimanche 13 avril 2025

Affordance trompeuse : le digital

Selon Digitall Conseil, le terme digital a été popularisé en 2014, et ils le lient à l'avènement des plateformes et des réseaux sociaux. Le digital a l'air nouveau, et quelque part lié à l'informatique, voire au numérique. Mais ça ne peut pas être simplement le numérique, sinon on n'aurait pas  […]

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dimanche 16 mars 2025

Un transpileur est-il un type de compilateur ?

Et les moutons électriques rêvent-ils ? Cette question du transpileur qui serait un type de compilateur s'est posée récemment, à la croisée de deux discussions. La première discussion était autour d'un article qui était censé suivre une approche philologique sur les langages de programmations. Sauf  […]

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vendredi 21 février 2025

Affordance trompeuse : les batchs

Un sujet léger, celui des batchs, ou en français, des lots. Si l'on demande au codeur qui passe, il en a peut-être entendu parler comme d'un reliquat du lait Gassy, et il vous dira probablement que cela implique à un moment de travailler sur des lots de données, d'où le nom "batch". C'est  […]

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samedi 4 janvier 2025

Affordance trompeuse : la modernité

Dans notre monde informatique, que ce soit celui des ESN, ou pire, celui des toilettes de conseil, un leitmotiv entêtant revient sans cesse : la modernité ou la mort. La modernité est un besoin vital, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce que le marché du travail ne peut pas fournir de  […]

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jeudi 28 décembre 2023

Balade au pays des voyeurs : les Observables

Tout commence par la découverte du code d'un programme utilisant Angular, et en particulier NgRx. Je me retrouve propulsé plus de 20 ans en arrière, avec une approche intégralement en callbacks, et pour s'y retrouver dans ce magma de fonctions : des noms, des noms, des noms. Une explosion de noms.  […]

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mardi 25 juillet 2023

Comprendre l'informatique avec l'héraldique

Parti : écartelé en sautoir ; au premier, d'azur chargé d'un écusson d'or à la croix de sable ; au deuxième, d'or à l'écureuil assis de gueules ; au troisième, aussi d'or au pin coupé de sinople au tronc de sable ; au quatrième, d'azur à la nef équipée et habillée d'argent voguant sur une mer du  […]

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dimanche 16 juillet 2023

Affordance trompeuse : le design

Ici nous parlerons de l'anglicisme qui a récemment bouleversé l'organisation de nos projets informatiques, et pas le fameux germanisme du dit Sein. Pas besoin de philosopher sur l'être pour savoir dans le cas présent qu'on est passé à côté de quelque chose. Surtout qu'à la place de cet être, on se  […]

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