Dans notre monde informatique, que ce soit celui des ESN, ou pire, celui des toilettes de conseil, un leitmotiv entêtant revient sans cesse : la modernité ou la mort. La modernité est un besoin vital, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce que le marché du travail ne peut pas fournir de talents acceptant de travailler avec le lait Gassy. Sans doute est-ce un produit de l'alimentation moderne et d'une intolérance au lactose induite. Ou bien c'est l'anglicisme legacy qui a été balancé au hasard dans la discussion.

La modernité donc, parlons-en. Selon le TLFi, la modernité est l'aspect, le caractère moderne d'une chose. Soit. Toujours selon le TLFi, le mot moderne dans le domaine des sciences ou des techniques qualifie quelque chose qui bénéficie ou témoigne des progrès effectués dans ces domaines. Reste le progrès... qui désigne tout forme d'avancement, d'augmentation, en bien ou en mal.

Dès lors, où est la tromperie dans cette modernité indispensable ? Déjà dans la détermination de ce qui progresse, de ce qui avance. Si le jeune talent n'arrive pas à boire de lait Gassy : qu'a-t-on fait avancer ? Qu'a-t-on augmenté ? Une réponse triviale : le nombre de fois où on entend "moi, j'aime pas le lait Gassy" dans l'Open Space, transformé pour l'occasion en champignon habitable pour loger cette armée de Schtroumpfs grognons. Une réponse non triviale est de constater que ce qui augmente est l'ignorance, portée en étendard.

La plus grande tromperie est en effet à aller chercher du côté du maintenant, qui est forcément un progrès par rapport à l'avant, car on fait les choses différemment. Nous sommes d'accord pour dire qu'une différence vers l'avant est un progrès. Mais comment qualifier l'avant, l'arrière ou encore le côté ? C'est là une question de gouvernance que de savoir distinguer des orientations, et par conséquent, des directions. Ceci impose la mise en place de points de repères, afin d'établir des référentiels. Ceux-ci permettent de juger au-delà des avis subjectifs, incarnés, ou dit autrement, de juger de manière scientifique. Qu'est-ce que la science si ce n'est la somme des connaissances systématisées d'un domaine ? Qu'est-ce que la haine du legacy si ce n'est une peur... de l'inconnu.

Le talent moderne qui n'a d'autre explication que "le legacy c'est pas bien, on le sait'", est avant tout un scientophobe qui met en avant sa foi, alors qu'on attendait une conviction.


Vous pouvez trouver le reste de la série sous l'article d'introduction.