Ce blog a vingt ans, j'ai laissé passer la date, depuis plusieurs mois déjà. En même temps la forme du blog est elle-même dépassée. Y'avait-il véritablement quelque chose à fêter, après tant d'années d'abandon, et une timide résurrection à travers les affordances trompeuses qui n'ont de public que celui que je force à aller lire. Ce matin lors du footing hebdomadaire dans un petit bois avec mon comparse de perte de poids s'est échafaudée une stratégie : et si pour masquer cet oubli, je me contentais de fêter les vingt ans du premier article significatif ? Hélas, trois fois hélas. A la relecture de Building the infosphere, portals should revive du 27 novembre 2002, j'estime que cette stratégie est vouée à l'échec. Cet article, aussi imparfait soit-il, est le parfait représentant de ce blog : une fin qui ne correspond pas au début, un sujet technique qui n'intéresse que moi, et qui est toujours d'actualité. Pour le dernier argument ça ne s'applique pas forcément à tout ce que j'écris, certes.

Néanmoins, un des points clef de cet article est en quoi l'hypermédia est le cœur battant du Web : ce point est toujours brûlant d'actualité. A chaque fois qu'un "développeur Web" prononce les mots "REST API" ou "RESTful", il assassine un peu plus le Web. L'article se conclut sur une note d'espérance vers l'introduction d'un peu de sémantique, avec RDF. On sait tous ce qu'il en est advenu, avec le WHAT WG qui a mené a bien la transformation du navigateur Web en un successeur de l'IBM 3270, avant que son principal sponsor, Google, ne le replateformise en une grosse machine virtuelle JavaScript, sans arriver à se débarrasser du DOM, son échec le plus flagrant. La question générale de cette infosphère est elle aussi toujours d'actualité, dans le sens où elle est pour l'instant toujours intemporelle, et ce ne sont pas les quelques encyclopédies en ligne, et encore moins les ChatGPT et autres IA génératives dont le facteur wow n'égale que le manque de confiance qu'on devrait leur accorder, qui viennent y apporter une réponse.

Vingt ans et incapable d'être au rendez-vous. Vingt ans à radoter sur les mêmes sujets. Je ne suis plus le jeune vieux con qui soûlait ses collègues, un mot a été gagné, 6 octets économisés pour la planète. Mais n'ayez crainte, tant qu'il n'y aura personne pour subir librement ma logorrhée, je continuerai d'écrire et de forcer des gens à lire.