Régulièrement j'écoute Europe 1, radio nationale à fort budget, et la réception dans nos campagnes étant ce qu'elle est (médiocre), je suis souvent obligé de passer par leur service d'écoute en ligne. Normalement je passe par le "flux" audio directement dans mon lecteur de musique, mais Europe 1 changeant régulièrement son fusil d'épaule quand à l'adresse ou aux protections autour de ce flux, il se trouve que ces derniers temps j'avais la flemme de chasser la dernière méthode en date pour y accéder (par la suite, on voit que la dernière en date semble être l'URL http://vipicecast.yacast.net/europe1, mais cela fait planter MediaMonkey, misère). Bref, le processus pour écouter la radio en direct est le suivant : aller sur la page d'accueil, cliquer sur le minuscule lien direct en haut à droite du bandeau, ce qui ouvre une autre page qui charge de la publicité, là il faut cliquer sur le lien "écoutez le direct audio", ce qui ferme la page qui vient d'être ouverte et en ouvre simultanément une nouvelle, avec obligation d'écouter une nouvelle publicité, ce qui plante dans la moitié des configurations testées. Enfin, après rechargement de la page, l'écoute de la radio en flux audio (et pas vidéo) est possible.

Vous me direz : et alors, mais qu'est-ce que ça te fait si je n'aime pas les protocoles, les idées fixes, les copier-coller ? Mais je m'égare. Et alors donc, après ce parcours du combattant, la question se pose : est-on vraiment sur le site d'Europe 1, radio nationale à fort budget, ou ailleurs ? Décision fut donc prise de capturer les conversations web pour arriver jusque là. Oui, les conversations. Votre navigateur est un grand bavard, et si vous utilisez Google Chrome, on peut même vous qualifier de concierge. Ou dame pipi. Quand vous indiquez à votre navigateur que vous souhaitez afficher le contenu d'une ressource, désignée par son URL, celui-ci va rentrer en conversation avec le serveur hébergeant cette ressource, et, magie du web et de l'hypertexte, cette ressource va indiquer au navigateur qu'elle a besoin d'autres ressources sur internet pour être correctement appréciée : des images, des feuilles de style pour la mise en forme, des sons, des vidéos, etc... (et c'est d'ailleurs pour cette raison que 99% des services dits "ReST" ne sont pas web, mais je digresse). Je pensais faire une petite capture rapide et sympa des conversations, mais ça va être plus compliqué que prévu, pour la bonne et simple raison que, de la demande d'affichage de la page d'accueil à l'obtention effective du flux audio, le navigateur a du gérer plus de 1200 conversations web. Pour écouter une radio... plus de 1200 conversations de machine à machines. C'est bouleversant d'inefficacité.

Vous me direz, ma bonne Micheline, c'est pour ça qu'on a tous la fibre à la maison, ça n'est pas pour pirater des films et des séries, c'est pour avoir de l'information, du contenu. Bien, dans un pays où la politique est en chute libre, nous devrons donc recourir aux statistiques pour mieux comprendre ce qu'il se passe vraiment. Tout d'abord, voici les 20 premiers domaines interrogés, triés par nombre de conversations décroissante :

Domaine Nombre de conversations
europe1.fr 310
weborama.fr 184
ladmedia.fr 70
a2dfp.net 65
securite-routiere.gouv.fr 64
ebz.io 63
rubiconproject.com 53
twitter.com 28
google-analytics.com 26
serving-sys.com 21
doubleclick.net 20
taboola.com 19
googlesyndication.com 19
visualrevenue.com 18
liverail.com 17
facebook.com 15
amazonaws.com 13
teads.tv 12
google.com 10
dailymotion.com 9
Somme 1033 (soit 82% du total)

On remarquera d'abord qu'Europe 1 est le domaine le plus impliqué dans les conversations, mais 310 vis-à-vis des plus de 1200 nécessaires, on arrive péniblement au quart de celles-ci. Ensuite, Google l'ami des enfants apparaît trois fois dans ce top 20, on regardera par la suite ce qu'il se passe quand on cumule les résultats de tous les domaines Google concernés. Regardons ensuite les autres domaines : weborama.fr régie publicitaire, ladmedia.fr régie publicitaire, a2dfp.net régie publicitaire, securite-routiere.gouv.fr annonceur, ebz.io régie publicitaire, rubiconproject.com régie publicitaire, twitter.com radio moquette, google-analytics.com mouchard, serving-sys.com mouchard, doubleclick.net régie publicitaire, taboola.com ciblage publicitaire, googlesyndication.com régie publicitaire, visualrevenue.com mouchard, liverail.com régie publicitaire, facebook.com radio miroir, amazonaws.com hébergeur et mouchard, teads.tv mouchard, google.com (dans ce contexte) contrôle des certificats de chiffrage et régie publicitaire, dailymotion.com user generated ripping. Pfiou. Sur le top 20 donc, essentiellement de la publicité et de la collecte d'information destinée au ciblage de la publicité. Regarder le nombre de conversations est un point de vue, on pourrait aussi regarder la quantité de données échangées pendant ces conversations, peut-être que la crème du journalisme va ressortir par ce biais ? Regardons ce nouveau top 20 :

Domaine Taille (en octets)
weborama.fr 278.925.894
ebz.io 2.690.523
serving-sys.com 2.238.483
europe1.fr 2.139.089
securite-routiere.gouv.fr 862.672
ladmedia.fr 780.492
dmcdn.net 756.139
beead.net 600.422
googlesyndication.com 329.010
a2dfp.net 194.706
twitter.com 191.958
rubiconproject.com 170.677
amazonaws.com 157.443
liverail.com 138.049
taboola.com 130.509
facebook.com 128.893
addthis.com 123.909
doubleclick.net 103.431
fbcdn.net 96.072
jquery.com 95.136
Somme 290853507 (soit 99,6% du total)

Une victoire haut la main pour Weborama et les 266Mio de données échangées grâce à cette publicité pour la sécurité routière, dont le visionnage est on le rappelle obligatoire (et buggué dans la moitié des configurations, dont celle de test) pour accéder à la partie radio sans la vidéo. Europe 1 n'arrive que quatrième après deux régies publicitaires et un mouchard, en échangeant l'équivalent d'une disquette 3,5" de données... et même ça on peut le trouver excessif vis-à-vis du service rendu. En conclusion, arriver à l'écoute d'Europe 1, ça vaut cher, trop cher. Heureusement que la consommation de bande passante dans les chaumières est illimitée, sinon la logique voudrait qu'Europe 1 paye ses internautes. Et en même temps, vu que la quasi totalité du contenu échangé sert à la publicité, que ce soit pour la servir ou pour son ciblage, pourquoi attendre pour le faire ?