Il y eu un défi photo impliquant Trône de fer et des Lego. Il y eu un miroir qui ne redescendait pas après la prise de vue. Il y eu les cartes Compact Flash qui n'étaient plus reconnues. Las. Cet appareil était de toute façon marqué par le sceau de l'infamie : oui, il avait servi à capturer des images de chats (j'en frissonne encore). Bref, le plus tout jeune Nikon D70 allait devoir subir une intervention... ou mourir. Destination iFixit pour ne pas se demander où retourne telle ou telle vis, récupération du repair manual officiel (que c'est beau tous ces diagrammes), et c'est parti : ouverture du corps, déchargement du condensateur du flash, sortie du berceau à Compact Flash, reconnexion des rubans. Et ça fonctionne ! Plus de problème de lecture ! Testons l'écriture en prenant une photo. "Low battery". Ha, essai avec la batterie de rechange qui est pleine : "low battery". Quelques heures de vaines recherches sur internet plus tard (toujours pas aidé par Google, quand je tape "D70 low battery flashing", c'est que je cherche "D70 low battery flashing" et pas "D70s low flash"), de reset divers et variés, il faut me rendre à l'évidence : c'est l'intervention qui a causé ça, et pas un problème inhérent à ce modèle de boîtier.

Retour à la case démontage, et là, c'est le drame :

Alors oui, ce petit point dur senti en réinsérant le berceau Compact Flash, c'était un ruban en train de se faire cisailler. Que faire ? La soudure est impossible, un vieux boîtier comme celui-ci ne vaut plus grand chose, il faut alors TENTER L'IMPOSSIBLE (non, acheter un nouveau boîtier n'est pas plus tenter l'impossible que d'acheter un iPhone 5 en disant "je me retiens je me retiens") : la réparation du ruban. Armé de quelques instructions trouvées au hasard de mon désespoir, c'est parti pour l'achat d'époxy conducteur. Premier constat : ça douille, 10€ le gramme.

Après commande et réception, c'est parti pour la manipulation. Première partie : isoler le ruban. Malheureusement, pour déconnecter ce ruban des deux côtés, cela impliquerait de dessouder (et ressouder au remontage) pas moins de 15 points de connexions dans le boîtier. Nikon et moi n'ayant pas la même conception du démontage sans risque, je renonce, et on travaillera donc avec le ruban toujours connecté à une extrémité, placé sur une troisième main pour faciliter le travail :

Ensuite, on essaie de remettre le ruban à plat, en collant un bout de scotch en dessous :

Première étape difficile : faire sauter le plastique qui recouvre les pistes métalliques endommagées. Pour ça, préparation d'une petite cale à poncer (avec la résistance de vidage du condensateur pour donner l'échelle) avec une languette de papier de verre en grain 240 (pas plus fin sous la main). Ensuite on ponce douuuuucement :

En théorie, on teste à ce moment là que le métal est bien dégagé avec un petit test de conductivité... je l'ai à peu près fait... mais bon, c'est point facile. On passe ensuite à la préparation de l'epoxy ; c'est du standard bi-composant, colle d'un côté, durcisseur de l'autre, deux minutes de mélange... quatre minute pour l'utiliser, quatre heures pour sécher. Bon. Dosage de la partie colle... je crois que j'ai bien sorti un gramme du tube. Dans ces cas-là, ne faites pas comme moi : servez-vous de la seringue pour aspirer le trop plein du composant avant le mélange. Dosage du durcisseur... il ne sort pas de la seringue... problème de température chez le distributeur ? Bref, on va le chercher dans la seringue à la touillette, puis mélange pendant deux minutes. Ensuite, application d'une crotte (genre un vingtième de ce qui est préparé, si ça n'est pas du gâchis), et on redessine délicatement les espaces entre les pistes métalliques avec le dos d'un scalpel. Et ça donne ça :

Je sais, c'est moche ; et encore, c'est le deuxième essai, le premier s'est conclu en un nettoyage du ruban. Vous voyez ce que ça donne le nettoyage de l'Arctic Silver ? Et bien c'est pareil, sauf que ça colle encore plus. Et rappelez-vous, vous n'avez que 4 minutes pour travailler le mélange avant que commence le durcissement.

En théorie, on teste la conductivité en reconnectant le ruban, et si le test fonctionne, on met une couche d'isolant par dessus ces belles pistes toutes neuves. Pris dans l'enthousiasme du succès de la réparation, j'ai oublié cette étape. Ça n'est pas encore trop trop grave dans ce cas précis, vu qu'à cet endroit le ruban n'est en contact qu'avec du plastique sur cette face. J'aurais eu un beau boîtier avec un corps en magnésium je ne dis pas, mais de ce point de vue là le D70 n'est pas complètement à ce niveau de finition :-)

Au final, le boîtier fonctionne mieux qu'avant, sauf le problème de miroir qui se bloque sur la phase de descente après la prise de vue, peut-être que les batteries se font vieille, ou alors, le boîtier est vraiment en fin de vie : tout ça pour rien, snif. Note : les photos de ce post ont été prises avec old faithful qu'on peut voir ici.