Hier soir chez Ardisson sur Canal+, les décérébrés de "l'humour Canal" : Eric et Ramzy. Ce qui distingue ce duo des autres poulains issus de cette écurie (Les Nuls, Edouard Baer, Les Robins, Djamel...), c'est la constante revendication de leur nullité crasse. Une "oeuvre" d'Eric et Ramzy a obligatoirement pour sous-titre "venez voir les deux crétins". On pourrait croire que c'est juste leur jeu de scène... mais c'est aussi leur jeu de promotion. En son temps, Laurent Baffie a tenté de vendre son film sous le slogan "n'y allez pas, ce film est une merde" ; le duo l'a repris en l'améliorant : "n'y allez pas, nous sommes des merdes". Bref, guidé par leur étendard "on n'a pas de fond, et on en est fier", les voilà qui attaquent Zemmour venu vendre son livre Petit Frère, en lui disant qu'il ne connaît rien à l'immigration, à l'intégration, et contre-attaquent avec l'argument suprême : ils sont énervés par les types qui usent (et abusent à leurs yeux) de citations, ce à quoi Zemmour rétorque (trop finement), qu'il est désolé d'avoir lu. Et là, Ramzy monte sur ses grands-chevaux, disant qu'il y en a marre des sous-entendus, que ce n'est pas parce qu'il est un banlieusard basané qu'il n'a pas lu, que ce sont des préjugés inacceptables.

Et c'est là qu'il se plante dans les grandes largeurs, exposant au grand jour ses préjugés sur Zemmour. Car quelle est la fonction de la citation dans la rhétorique de Zemmour ? Elle est double. La première, c'est évidemment le côté m'as-tu-vu, "regardez, moi j'ai lu", et qui contrairement aux citations d'un Sarkozy et d'un Devedjian, se basent sur des classiques et donc ajoutent le deuxième effet kiss-kool, "regardez, moi je vois plus loin que le passé immédiat". Et la deuxième fonction, peut-être la plus importante, est de préciser de manière concise sa pensée. La citation lui permet d'être bref, percutant et surtout, de réduire la place laissée aux préjugés dans l'interprétation de ses propos. Bref, Ramzy tombre comme un gros balourd dans le panneau, et part dans la seule stratégie d'attaque que son immense culture issue de ses nombreuses lectures (parce qu'il a lu, il ne faut pas tomber dans ses préjugés) lui a donné : la cour de récré en école primaire.

Et c'est là que nous rejoint le troisième homme : Mustapha El Atrassi. Annoncé à la place du "sniper, comme Laurent Baffie", on peut dire que la déception fut grande ; il aurait fallu pour celà de la réactivité et de la répartie. Il occupe en fait la place de la potiche à la Thallia, remplaçant le quota de la brune à grosses loches par le quota beur. Et dans un beau mouvement illustrant à la perfection ce que Zemmour décrivait, Ramzy / El Atrassi même combat, "ha ha, tu lui as trop rabattu son caquet au petit blanc, tape m'en 5". "Touche pas à mon pote Ramzy", c'est tout ce que cette potiche a à dire, et c'est déjà exceptionnellement bien quand on regarde ses diverses prestations dans cette émission (et ailleurs !). Une conclusion s'en suit : mais pourquoi ne feraient-ils pas le trio Eric, Ramzy et Mustapha ? Ca nous ferait un bon trio d'"humoristes" d'un niveau tout à fait homogène, totalement dénué de fond et en plus ça nous groupera les temps d'antenne. Une bonne économie en perspective. Si seulement.

Mise à jour 13/10/2008 : Ardisson s'est débarassé de son "sniper" pour cette année, une bonne chose de faite.