L'actualité la semaine dernière, c'était l'appel "pour une vigilane républicaine". Enfin actualité, ça reste un bien grand mot, ça ne vaut pas le RPR habituel. Dans les réactions publiques, Jean-Michel Apathie, journaliste à RTL et chroniqueur à Canal +, qui en a parlé le 18 février dans le Grand Journal, et sur son blog. Regardons des extraits sur le blog :

Par exemple, François Mitterrand a dénoncé le pouvoir personnel qu'exerçait selon lui le général de Gaulle. Voyez que la référence ne nous rajeunit pas. Le responsable socialiste en a même fait un livre, "Le coup d'État permanent", où il qualifiait, au final d'un raisonnement ampoulé par la mauvaise foi, de "duce, de "conducatore", bref, de dictateur. Rétrospectivement, la sottise saute aux yeux.

N'a-ton pas abusé de la chicorée dans quelques cénacles où l'on a réfléchi fiévreusement à la rédaction de cet appel ? Et encore, rédiger l'appel est une chose. Le signer, mettre son nom au bas de l'ineptie, en est une autre.

Et aussi le soir même donc (le lien ne durera pas), en présence (riante) de Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, du gouvernement actuel :

Jean-Michel Apathie
Quelle est la phrase qui est au coeur de cet appel, et qui donne toute son importance lançant les signataires à l'appel ? "Les signataires refusent", on va voir la phrase, "toute dérive vers une forme de pouvoir purement personnel, confinant à la monarchie élective". C'est tout à fait stupéfiant de voir combien on peut dire de bêtises en aussi peu de mots. C'est assez rare, et là, vraiment, le signataire, enfin le concepteur de l'appel, parce qu'il ne l'a pas signé, le concepteur de l'appel a réalisé une certaine forme d'exploit.
Michel Denisot
Qui est le concepteur ?
Arianne Massenet
Jean-François Kahn, c'est ça ?
Jean-Michel Apathie
Il paraît que c'est Jean-François, voilà alors...
Arianne Massenet
Ne faites pas l'innocent Jean-Michel !
Jean-Michel Apathie
On va dire que c'est Jean-François Kahn. Moi je pensais que Jean-François Kahn était capable de faire mieux que ça, mais bon, autant de bêtises en si peu de mots... bravo jean-François !

La journée du 18 est claire, "on va dire que" Jean-François Kahn a écrit le texte, est que cette phrase présente de manière évidemment évidente des bêtises énormes. Et il l'explique dans la suite de son exposé :

Jean-François Kahn ni personne ne peut dire à quel moment du quinquennat, une seule fois la constitution a été violée. Donc on ne peut pas dire que le pouvoir personnel au sens où il l'entend, Napoléon III, soit tout à fait la duplication avec Nicolas Sarkozy. Le "concept" de monarchie élective. Alors je ne sais pas qui l'a pondu celui-là, mais ça c'est formidable, aujourd'hui on a Nicolas 1er, demain on n'aura pas Jean Sans Terre, ça ne va pas se passer comme ça. Nicolas c'est le suffrage universel qui l'a mis à l'Elysée, et c'est le suffrage universel s'il ne se représente pas, ou bien s'il est battu qui l'en fera partir, il n'y a pas de monarchie élective. C'est quand même un tissu d'âneries cette histoire, et du coup, on se demande pourquoi les gens ont signé.

Et pour enfoncer le clou un peu après : "il n'est pas médiocre François Bayrou, je me demande ce qu'il fait parmi les signataires de cet appel". Et enfin : "donc des critiques, on peut en faire au pouvoir. Mais Franchement, si on veut faire des critiques, il ne vaut mieux pas convoquer Jean-François Kahn, parce qu'il raconte quand même à peu près n'importe quoi.".

Pfiou, c'est du lourd.

Que constate-t-on ? On part d'une phrase, dont le rédacteur est supposé être Jean-François Kahn, pour conclure sur la certitude, que d'après cette phrase, et surtout d'après le sens que le rédacteur est supposé avoir voulu lui donner ("au sens où il l'entend"), alors, d'après ces éléments, Jean-François Kahn raconte à peu près n'importe quoi, et réussi au passage à avoir un taux de bêtise par nombre de mots extrêmement élevé. Et ceci condamne les signataires de l'"ineptie" à être des idiots ; et il s'étonne d'y voir Bayrou, qui, pour Jean-Michel Aphatie, a dépassé le seuil de la médiocrité, ce qui est un compliment ("au sens où il l'entend" le compliment). Dans cette conversation à trois, Apathie, Denisot et Massenet, tous trois journalistes, ont donc réussi à passer en moins de 5 minutes d'une phrase dont ils ne connaissent pas l'auteur avec certitude, l'interprétant à la lumière de préjugés non-étayés, à une condamnation en bonne et due forme de leur confrère : un travail de pro.


Deniso, Masseno et Apatho : les nouveaux pieds nickelés du journalisme
Partie 1 - l'attaque
Partie 2 - la défense
Partie 3 - les réactions de la majorité