Pourquoi pas 218 ?

Torpedo parlait récemment d'un cabinet de conseil pour actionnaires (Proxinvest) qui prônait une mesure forte : limiter le salaire des patrons à 240 SMIC. Comme quoi, les cabinets de conseils sont parfois assez avant-gardiste. Pendant ce temps, de l'autre côté de l'Atlantique, Yvan rapporte que les chefs des grandes entreprises américaines ont gagné, en moyenne, 262 fois plus que leur salarié de base. S'il y a quelques années on glosait avec des histoires droles avec Bill Gates ne s'arrêtant pas pour ramasser un billet de 100 dollars, perdant de l'argent en consacrant son temps à se pencher plutôt qu'à travailler, le problème aujourd'hui est qu'on passe d'une singularité à une généralité. Evidemment, le raisonnement avec Bill Gates est tout à fait faux (on parle de raisonnement libéral, qui est en soi un oxymore), mais les proportions prises par le phénomène sont impressionantes, à défaut d'être inquiétantes. Dans la dépêche liée par Yvan, l'évolution est comme suit :

AnnéeEcartAccroissement moyen
196524
197835+ 0,85 point/an
198971+ 3,27 point/an
2005262+ 11,94 point/an

La proposition de Proxinvest est donc que les conseils d'administration n'autorisent pas une rémunération des dirigeants non fondateurs supérieure à 3,5 millions d'euros par an, soit 240 SMIC, ceci dans un but de protection des entreprises. Si le montant peut paraître énorme (23 millions de francs, brut annuel), il est déjà dépassé largement en France (366 SMIC en 2004 en moyenne pour les patrons du CAC 40) et aux Etats-Unis. La question demeure, d'où vient ce 240 ? Aux Etats-Unis on compte 260 jours ouvrés, en France, avec 5 semaines de congés payés et les jours fériés, nous avons 218 jours travaillables hors week-ends. De ceci on peut en déduire que cela correspond au nombre de jours qu'un grand dirigeant travaillera dans l'année, en faisant l'impasse sur quelques jours de congés. Et tous les jours de travail, il pourra aller voir un de des employés SMICard, et lui dire "aujourd'hui, je vais gagner ce que tu vas avoir pour l'année". Il le pourra, mais il ne le fera pas, parce que le temps perdu à parler avec un de ses employés pourrait être bien mieux employé à... ah non, ça ne s'applique pas la rémunération est fixée. Peut-être le fera-t-il alors ?