Les pauses à répétition font perdre 588 milliards de dollars par an aux entreprises américaines – et ta sœur ? !
Le crétin du jour, c'est l'imbécile qui a décidé que les pauses café, les bavardages, les ragots, discussions, coups de fil et e-mails personnels, etc. faisaient perdre du temps donc de l'argent aux entreprises...

Et pourtant 588 milliards c'est énorme, rendez-vous compte : l'équivalent de 5% de leur produit national brut, envolé en fumée à cause de ces feignasses qui glandent au boulot ! Quel déchet, un vrai pays de fonctionnaires ! L'équation est bien connue : productivité égale valeur produite divisée par temps passée à la produire. Otez la possibilité à ces idiots de salariés de prendre des pauses, et à productivité constante, la production augmente : brillant, splendide, c'est ce qu'on appelle les mathématiques libérales. Rappelez vous, les libéraux se battent pour les libertés individuelles, et à ce titre, la liberté de l'irraison est la première proclamée.

Notre blaireau du jour a donc déclaré que la pause tuait l'entreprise. L'entreprise qui va bien, c'est celle où tout le monde bosse, 9 heures ou 10 heures par jour (ce sont des américains, ils y arrivent bien eux), et quand ces brillants employés vont rentrer chez eux, ils vont con-so-mmer. Et oui, c'est bien beau de produire, mais il faut bien consommer. Donc ils travaillent 9 ou 10 heures, il leur faut 1 heure à une heure et demi de transports par jour, mais attention, en voiture individuelle, ce ne sont pas des ploucs, et en même temps ils consomment (du pétrole, des pièces de rechange), et rentré à la maison pour consommer, on achète sur internet, ou alors on reprend la voiture (c'est bien, ça consomme), et on va faire des courses. Bon après il faut manger, se laver, aller aux toilettes, dormir... mais à moins d'être fonctionnaire, 6 heures suffisent largement pour faire tout ça. Et en plus dans toutes ces activités on consomme : de l'eau, des détergents, on salit des draps qui auront besoin d'être lavés... Voilà une bonne répartition : 9/10 heures de travail, le reste en consommation. Et voilà que les pauses viennent casser le système. Vous vous rendez compte, sans pause, tout ce qu'on pourrait produire de plus à consommer ?

Je commence à comprendre le libéralisme, il n'est pas si bête ce type qui hurle au gaspillage. Imaginez un peu : travailler 24 heures, sans pause, et puis après une journée et demie de libre. C'est pas fantastique ça ? Par rotation, les bureaux toujours occupés, pas de gaspillage de la moquette, fini les sièges sans personnes dessus. Quel gaspillage ces chaises vides toutes les nuits ! Pas besoin de vacances, on respecte déjà la répartition travail / consommation. Et une journée et demi de repos tout le temps, c'est les vacances ça, le sommet de la consommation ! Bien sûr, il suffit juste d'être productif 24 heures de rang toutes les journées et demi ; mais ça, c'est à la portée de n'importe qui, sauf peut-être des fonctionnaires et des RMIstes. D'ailleurs ils sont connus pour peu consommer. Je crois que la prochaine étape c'est de changer l'organisation afin de sortir du système ces non-consommateurs, où va-t-on écouler notre belle production après ? Il faut que je contacte ce brillant analyste pour connaître ses pistes de réflexion là-dessus.