Vous n'avez jamais tenté l'expatriation, vous n'avez jamais parlé sérieusement à un expatrié, heureusement, Libération vous aide à y voir plus clair. Dans cette magnifique enquête, on peut y voir les traits caractéritiques de l'expatrié français :

  • il est sociologue
  • il est assisté
  • il est parisien
  • il est pisse-froid
  • il est en fuite

Mais apportons une lecture un peu plus attentive à cet article.

Ce mercredi de juillet, Germain (1), 27 ans, rentré depuis six mois des Antilles où il avait enchaîné les postes dans des bijouteries en duty free, est particulièrement volubile. «Pendant mes vacances, j'ai envoyé cinq CV au Canada, pour voir. J'ai eu cinq propositions de boulot.» Rien à voir avec l'accueil des employeurs français : 22 demandes déposées dans des bijouteries du sud de la France, une seule réponse positive. «Si t'as pas 40 ans et que t'es pas en costard, on te prend pas au sérieux. J'ai du mal à vendre la qualité de mon travail. En France, on préfère mettre en avant le nombre d'années.»

Et oui, c'est de la faute de l'employeur. Pourtant, tout le monde a envie d'embaucher spontanément une personne qui n'a aucune stabilité dans son travail pour faire exactement la même chose. Et toutes les bijouteries du sud de la France doivent avoir le besoin de répondre à une candidature spontanée. Et le summum, le politiquement correct, il est interdit de préférer des salariés d'un certain âge. Tous égaux !

Il résume : «En France, personne ne recrute, par peur de ne plus pouvoir virer les gens. Et c'est très dur de travailler en free lance. Ici, à Vancouver, pas de problème d'emploi. Celui qui veut bosser bosse. Depuis que j'ai été embauché, j'ai reçu quatre nouvelles propositions. Et j'ai multiplié mon salaire par trois ou quatre par rapport à la France.»

Un autre sociologue... si on a trois millions de chômeurs, c'est qu'il y a plein de boulot, pour tout le monde, mais les entreprises ne veulent pas qu'il soit fait parce qu'elles risquent d'être empêchées de virer les gens (parce qu'ils sont mauvais forcément, vu qu'il n'y aura jamais de diminution d'activité). Jeune madeliniste lève-toi et fuis ! Ce pays est sclérosé ! Et ça continue.

Guillemette, 28 ans, a longtemps rêvé des pays anglo-saxons «parce qu'en France, on s'arc-boute sur les diplômes. C'est très difficile de faire comprendre qu'on s'est trompé de voie mais qu'on a l'énergie pour faire autre chose. Comme si, une fois embarqué dans un secteur, il n'y avait plus de bifurcation possible».

Effectivement, il y a des employeurs qui s'interrogent quand des personnes, qui ont travaillé pendant des années pour avoir un diplôme, changent soudainement d'avis après l'avoir obtenu. Surtout quand les explications sur la bifurcations sont aussi vague que "ça n'est pas mon truc". Mais évidemment, un employeur devrait être forcé de jouer les baby-sitter jusqu'à ce qu'ils trouvent leur truc, ce n'est pas vraiment comme si il y avait des gens déjà qualifiés, avec de l'expérience et dont c'est le truc, à postuler aussi...

«Les carrières vont plus vite. A Paris, tout est figé, les gens ont du mal à vous donner votre chance.»

Après les sociologues, les sociologues-géographes : à Paris tout est figé, donc quittons la France, ça pourrait presque être du Dantec.

«Je suis très heureux d'être né ici, d'avoir pu faire des études et pas les boulots pourris de mes parents. Mais en ce moment tout ça part en couilles : les réformes de l'université, la folie Sarkozy... Je me barre définitivement s'il passe en 2007.»

Un visionnaire celui-là, il doit être ouïiste : si ça passe, c'est la fin de la France. Evidemment, si Sarkozy passe, ce ne sera pas parce que les gens ont voté pour lui, ce sera sans doute un complot.

Valérie, 34 ans, éducatrice en crèche, a assisté devant sa télévision à la défaite de la candidature de Paris pour les Jeux 2012 : «Ça m'a encore confortée dans mon choix de partir. On avait tellement besoin d'une impulsion, d'un espoir... J'ai l'impression de vivre dans un pays vieillissant qui s'enfonce chaque jour un peu plus, où les gens sont crevés. J'idéalise peut-être le Québec, mais j'ai l'impression que là-bas les gens sont plus positifs, plus confiants, plus respectueux des autres aussi. [...].» Son loyer parisien est «un gouffre financier», son rythme de vie un défi perpétuel à la rapidité, «presque un TOC» (trouble obsessionnel compulsif), diagnostique-t-elle.

Ca va mal à Paris, il faut quitter la France, ça me semble effectivement d'une logique indépassable. En même temps, quitter ce pays évitera les abus de Jean-Luc Delarue dont elle semble souffrir, à moins que ça ne passe sur TV5.

François-Xavier et Claire, 26 et 30 ans, ont abandonné leurs 25 m2 à Bastille pour une petite maison en Nouvelle-Zélande. «Il y a de l'espace ici, et surtout entre les gens», raconte Claire [...]

C'est pas vrai ? Il y a des pays dans le monde où il y a des maisons, avec de... l'espace ? Si j'avais su... C'est où Bastille déjà ?

A Vancouver, Vanessa et Jean-Charles louent 100 m2 pour 750 euros, «le prix d'un petit deux-pièces à Paris».

C'est une maladie décidément.... Soit ce sont ces expats qui ne connaissent pas la France, soit c'est Libé qui est infichu de trouver des français qui s'expatrient, c'est infernal ces références constantes à Paris.

«Ça fait du bien de voir la France de loin, reconnaît Claire. Restée à Paris, je suis sûre que j'aurais voté non à la Constitution européenne pour tout un tas de raisons.»

On retrouve le fameux bouclier anti-intelligence et anti-discernement qui flotte au-dessus du pays, ce qui était une interrogation devient une évidence, c'est absolument magique. Personne ne devrait être autorisé à rester dans ce pays passé l'âge de voter. Et pour finir un bon article comme celui-là, rien ne vaut une statistique :

Avec 5 000 demandes par an dont 3 500 à 4 000 départs effectifs, le Québec est un véritable aspirateur de jeunes Français. [...] Pour les candidats au départ, rien n'est laissé au hasard. Et souvent la greffe prend : seuls 15 % choisissent de revenir en France.

Voilà, seuls 15% reviennent en France, sans durée précisée, donc ça veut dire d'ici à la fin de leur vie. Donc, compte-tenu de l'espérance de vie des français, et de l'âge moyen des émigrants de ce pays, ce chiffre est donc déduit de la population qui a émigré au Québec grosso-modo pendant la guerre de 39-45 ne sont jamais revenus s'établir en France...

Donc voilà, n'espérez pas trouver des expatriés qui partent à la découverte de pays, de cultures, de civilisations. N'espérez pas trouver de gens qui partent pour d'autres raisons que la fuite d'un pays qui a été méchant avec eux, peuplé d'employeurs vieux jeu qui ne reconnaissent pas leur valeur. Quand on lit ça, ça donnerait presque envie de se rabattre sur les blogues d'entrepreneurs.