Par Damien B,
mardi 31 mai 2005.
Lien permanent
Tout venant
Une étrange sensation au moment où j’arrive chez moi et que je retrouve le double des clefs dans ma boîte aux lettres. Je n’avais pas pensé à cette éventualité en quittant mon appartement ce matin. La porte de l’appartement est fermée à clef. La clé est dans la boîte. Le malaise s'installe. Je me dirige vers l'ascenseur calmement, se presser serait de mauvais augure. Un peu d'attente, je regarde les jeunes hôtesses du centre d'à côté arriver en piaillant. A combien vivent-elles par appartement ? Par chambre ? Pourquoi ma femme abandonnerait-elle ses clefs ? Je monte dans l'ascenseur qui vient d'arriver, ces visages me dévisagent, en contre-plongée. Etage numéro 7, le 6
ème étage, une fournée descend, aux revoirs chaleureux entre elles. Elles se reverront pourtant dans seulement quelques heures, pour une nouvelle journée de labeur. Me quitter comme ça, soudainement, qu'est-ce-qui a changé ? Etage numéro 19, je suis désormais seul, pas de regard souriant, plus de chuchotement intimidé auquel répondre par un détachement d'airin.
Qu'y-t-il derrière ma porte ? Une note griffonée, une table renversée, ou bien juste une absence ?
Le temps n'est plus à la réflexion, j'ouvre la porte de l'appartement, et un sourire m'accueille. Pourquoi as-tu laissé tes clefs dans la boîte aux lettres ? Tu m'as fait une de ces peurs... Quelles clefs ? Quelle boîte au lettre ? Ses clefs sont toujours là, posées à côté des téléphones. Je sors le double de ma poche droite, et je ne reconnais plus cet anneau, ces clés ne me sont plus familières. Le soulagement apaise. Nous retournons aux boîtes aux lettres. L'ascenseur arrive toujours trop lentement dans ces moments là. Quelques hôtesses sont là, elles ne piaillent plus. Confrontées à la perte des clés, elles ne savent que faire, les autres appartements sont utilisés à leur pleine capacité. Comment leur expliquer que quelqu'un a dû se tromper de boîte, quand le pont linguistique n'est pas encore construit ? Je leur tends le trousseau, nos expressions suffisent à dissiper tout début de malentendu. Leurs visages s'éclairent. La journée se finit bien.