MigrationC'est l'automne qui arrive à pas feutrés. Déjà les premières espèces migratoires ont entamé leurs mouvements. Ce matin devant la Gare de Lyon par exemple, on pouvait assister à l'arrivée d'une volée de Smart, prête à prendre ses quartiers. Encore fragiles et pas prêtes à passer l'hiver, elles nécessitent l'attention soutenue de leur soigneur, tout prêt à les aider à se faire une place. Ainsi elles pouvaient rejoindre leur petit nid, pas très douiller il faut bien l'avouer, dans la concession à quelques mètres de là. Ce petit manège ne perturbait pas outre mesure la vie du Parisien (animal non migrateur), qui continue à vaquer à ses occupations, à peine conscient de son environnement immédiat. Mais déjà il était temps pour moi aussi de quitter ce spectacle attendrissant, et de prendre le grand oncle de la Smart (alias le bus RATP) pour une nouvelle journée de travail.

Pont de la TournelleArbres sur l'île Saint-LouisEt c'est de retour, au soleil tombant, que les changements deviennent visibles. Le Soleil, plus bas sur l'horizon, donne naissance à d'étranges contrastes, mettant dans la pénombre le fleuve des bateliers, et faisant ressortir Sainte-Geneviève sur le pont de la Tournelle ainsi que les façades bourgeoises de l'île Saint-Louis... Et de l'autre côté du pont, on voit l'automne commencer son travail sur les rares arbres de cette île entre ciel et eau. Ciel si bleu, preque irréel, eau si sombre encore ; l'invitation n'est pas au voyage mais à la contemplation. Juste une dizaine de secondes, le temps de saisir l'instant, de regarder le patrimoine que les libertariens détestent tant, eux qui ne peuvent supporter aucune attache qu'ils n'aient choisi, allant jusqu'à espérer ne pas être nés pour ne rien devoir à des géniteurs présents seulement par coïncidence.

Soleil couchantLa flânerie doit néanmoins avoir une limite, et pour la paix des ménages, savoir respecter certains couvre-feu. Déjà le Soleil commence à disparaître, emportant avec lui sa chaleur et sa lumière. Et même si l'éclairage public connaît alors sa renaissance quotidienne, il n'est plus besoin pour moi de chercher où aller. La routine a repris son cours, la mécanique du heimkehren n'a besoin d'aucune assistance. Fuir les phares des voitures, pester contre ces cyclistes débiles qui roulent sans lumière, vilipender ces piétons trop pressés à la recherche de l'incident de circulation... Qu'importe, tout cela sera identique avec la nouvelle semaine. L'automne est là.