Ayant gagné un mois de vacances, Noël Mamère avait décidé de s'occuper en violant des propriétés privées, dégradant les biens d'autrui et accessoirement en se battant pour se blanchir rétro-activement. Efforts mis à mal par la première chambre civile du tribunal de grande instance de Bordeaux, qui selon Christophe Girard avait reçu des consignes des ministères de la Justice et de l'Intérieur, qui a annulé le mariage célébré à Bègles, sans pour autant rendre la décision exécutoire. Impossible de trouver les attendus sur le net (mais je ne sais sans doute pas où chercher), mais il semble que la ligne de défense des avocats consistait en : si ça n'est pas explicitement interdit, ce doit être autorisé. On a déjà constaté auparavant que dans la proposition de loi faite par Mamère, qui est sexiste d'ailleurs puisqu'elle ôte un privilège féminin, le soin à préciser autant que possible la cardinalité du couple. Ceci au cas où quelqu'un aurait plus de mauvaise foi qu'eux...

Mais pour Noël tout cela était prévu, d'ailleurs il dit : "Le débat de société a eu lieu et je ne peux que m'en féliciter. Nous en sommes maintenant au débat juridique et le débat parlementaire peut aussi avoir lieu dans la mesure où les Verts ont déposé une proposition de loi." Je ne sais malheureusement pas où il a vu que le débat de société a eu lieu, celui sur la couleur de la limousine a eu lieu, celui sur sa suspension a eu lieu. Mais par contre le débat de société ne peut avoir lieu tant que la justice, provoquée de façon frontale, est en cours. Peut-il y avoir débat de société sur le mariage de personnes de même sexe si on ne sait pas s'il y a lieu de débattre ? Si on considère que oui, alors on a eu raison de stigmatiser les arabes et les noirs après la véritable aggression antisémite du RER D. Cela procède du même ordre de raisonnement. Donc Noël continue sur tous les fronts : ce mariage est légal, mais il faut quand même déposer une loi et le débat de société qui a confirmé que ce mariage déjà légal était légal est achevé. Donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, Noël attend avec impatience de porter cela devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme. La tâche devrait être facile, puisque l'article 12 de la "Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales telle qu'amendée par le Protocole n° 11" reprend une formulation similaire à celle du code civil :

A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme ont le droit de se marier et de fonder une famille selon les lois nationales régissant l'exercice de ce droit.

Malheureusement, il est précisé "selon les lois nationales", que Noël aimerait bien voir interprété comme "des lois des autres nations". Il est vrai qu'il n'est pas mentionné explicitement de quelle nation on parle ! Mais bon, en même temps c'est légal en France, donc pas de problème.