Pour faire court, le discours prononcé correspond tout à fait à la description de la bourgeoisie faite par Marx et Engels : besoin de centralisation ("il nous faut une Silicon Valley"), valorisation du capital plutôt que du travail ("il nous faut des VC"), refus de la solidarité ("des personnes se font licencier et continuent à avoir des salaires pendant un an", "on pait trop d'impôt"), l'entreprise privé comme seul modèle ("les universités ont besoin de relations fortes avec les entreprises")... Tout ça pourrait prêter à sourire plus de 150 ans après la publication de ce manifeste, mais force est de constater qu'on n'a pas beaucoup évolué. Avouons-le, les propositions que M. Le Meur évoque, issues de conférences participatives à Varsovie, ont la force de la simplicité du libéralisme. Cela se résume à ce qu'évoquait Alain Lefebvre dans sa chronique "La terrible vérité sur le poids de la loi" : arrêtez de nous embêter avec les lois et les droits, seule la responsabilité individuelle devrait être envisagée.
Si une personne est fauchée par un soûlard, ce n'est pas de la faute du poivrot, les gens savent parfaitement qu'à marcher sur un trottoir on risque de se faire renverser par une voiture. Vous allez dans un magasin et l'éclairage vous tombe sur la figure ? Tant pis pour vous ! Pourquoi est-ce que le magasin devrait souscrire une assurance pour protéger les gens qui y viennent ? C'est un monde ça ! C'est à peu près l'idée de la responsabilité qui est proposée : laissez les entrepreneurs créer des entreprises du jour au lendemain, ne donnez pas le chômage aux employés licenciés (parce que s'ils sont virés, c'est de leur faute), enlevez les 35 heures qui ne font que créer une génération de feignasses, laissez les entrepreneur montrer aux universitaires comment on travaille, et surtout, surtout, arrêtez avec ces impôts, parce que ce n'est pas parce que les employés (les mauvais, ceux qui ne sont pas des entrepreneurs) ont été éduqués, soignés, nourris et logés par ces impôts qu'on devrait en payer. Mince, d'après Millière j'oubliais que la France était sur la voie du tiers-monde, preuve que ces impôts ont été payés en pure perte. Madelin que fais-tu ! La France a besoin de toi !