Marc-Olivier Fogiel en grande forme ce soir, contrairement à lundi dernier, où son talent de racleur de caniveau peut enfin s'exprimer librement. Le faire-valoir du jour est Jean-Paul Garraud, dépositaire de la proposition de loi n°837 "portant création d'un délit d'interruption involontaire de grossesse.". Le parti pris est simple, trouver les opposants à la proposition de loi les plus brayards et les personnes favorables les plus controversées, puis remettre en cause la proposition de loi "parce que ces gens là ils ne sont pas imbéciles, donc ils ne se trompent pas", puis voyant qu'on n'arrive pas à soutenir le débat sur le point de vue juridique, faire rebondir les attaques sur la faute de communication.

Le problème tourne en effet autour de la communication. Quel crédit accorder au co-animateur qui se targue de trouver le texte incompréhensible, puis affirme qu'aucune protection n'est prévue dans le texte pour empêcher les dérapages, ceci évidemment sur la base de "quelqu'un l'a dit". La protection apparaît pourtant dès le premier article :

L'interruption de la grossesse, sans le consentement de l'intéressée, causée, dans les conditions et selon les distinctions prévues par l'article 121-3, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence prévue par la loi ou le règlement est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

C'est écrit en toutes lettres dès la première phrase : l'article 121-3 du Code Pénal fixe les conditions d'application. Cet article appartient au premier chapitre du deuxième titre du Code Pénal, qui donne les dispositions générales de la responsabilité pénale. Etant donné son positionnement, on se doute de l'importance de cet article et de l'attention qui lui a été porté à travers les décennies. C'est tout du moins ce qu'on peut en espérer naïvement. Et effectivement on n'est pas déçu, c'est l'article principal qui définit la responsabilité. Annoncer comme Marc-Olivier Fogiel le fait, que cette proposition de loi est l'ouverture à toutes les dérives revient à dire que notre définition de la responsabilité pénale est basée sur la libre interprétation de tout un chacun : c'est l'anarchie. MOF n'a pu continuer très longtemps sur la piste de la désinformation, et a donc changé son Uzi de main, son débit rapide empêchant constamment son interlocuteur d'aligner plus de deux phrases (quand il a la chance d'en finir une).

Alors, erreur de communication ? C'est ce que MOF aurait aimé faire cracher à J-P Garraud, voire même le faire sangloter en s'appitoyant sur sa carrière politique ratée peut-être ? Il est sans doute difficile pour un magistrat habitué au respect du texte de loi, aux difficultés de son interprétation et récemment promu au labeur de sa rédaction, de voir que la plus naïve des désinformations suffit à déclencher un tollé alimenté à la fois par les associations, les hommes politiques, les journalistes et les personnalités des médias. Difficile de voir que le premier coq de basse-cour venu peut se transformer en grand inquisiteur. Erreur de communication il y avait certainement, ne serait-ce que de venir dans cette émission servir de pâtée au roquet rompu à cet exercice de domination verbale.

Je me désepère de persister à regarder ce spectacle qui m'exaspère. Qui est MOF pour se permettre de répandre le mensonge, volontairement ou involontairement, pour se permettre de bafouer la plus élémentaire des politesses en face de ces interlocuteurs, à quels réseaux appartient-il, sa position vis-à-vis du public est elle en toute honnêteté ? Qui suis-je pour me permettre de déverser ma bile et mes accusations sur une personne que je ne connais pas, tout ça parce que j'ai été énervé par son image dans une boîte ?