Cet "épisode" remonte à novembre 2002, où dans une interview dans l'"Echo des savanes", une phrase choqua et fut portée devant les tribunaux pour "apologie du terrorisme". Là encore pour cet épisode, difficile de retrouver l'article original et donc un contexte un peu plus complet. La diffamation elle, court les pages. Se concentrant toujours sur cette même phrase et s'étonnant de la relaxe qui n'est pas due à un vice de procédure (comme ici), ils "oublient" constamment de repréciser le contexte : Dieudonné M'Bala est athée. Il ne faut pas confondre l'athéisme (Dieu n'existe pas) et la laïcité (indépendance vis-à-vis des Eglises et des confessions religieuses) qui fait débat aujourd'hui à l'école. Tandis que l'athée remet en cause le fondement des religions théistes (comme le judaïsme, le christianisme, l'islamisme), le laïc place son action en-dehors de la sphère religieuse. Un laïc peut donc être athée ou au contraire théiste. Dans le raisonnement de Dieudonné donc, toute référence à un Dieu pour justifier une action est une manipulation, quelque soit ce Dieu, autant le Dieu de Georges Walker Bush que celui de Ousama Ben-Laden, et qu'à ce petit jeu de la manipulation le second bonhomme dégage un charisme supérieur à celui du premier. En tout cas c'est ma vision de sa pensée.
Revenons à l'incident de lundi. Dieudonné donc, en invité surprise pour l'humoriste Jamel, nous fait donc un amalgame grossier et vite préparé d'un terroriste mêlant apparat nationaliste Corse, rhétorique d'extrêmiste se réclamant de l'Islam et attributs d'un juif traditionaliste. C'est maladroit et caricatural au possible, le pavé jeté dans la marre est gros comme une maison, la question est simple : est-il possible aujourd'hui de faire de l'humour avec le sionisme ? A la vue des réactions diverses (missives non signées, excuses officielles de France 3 et de Marc-Olivier Fogiel, action en justice entreprise par l'Union des Etudiants Juifs de France, ...) c'est encore un peu difficile, et c'est peut-être ça qui est choquant. Est-ce la communauté juive qui a un problème d'identité, avec la guerre en Israël, son communautarisme, l'obligation imposée aux non-juifs de choisir un extrême ou l'autre (si vous n'êtes pas à 100% pour Israël alors vous êtes raciste) ? Je ne suis même pas sûr que l'expression "guerre en Israël" soit correcte. Ou alors c'est la France qui a un problème, avec son passé collabo, son acharnement à ne pas froisser cette communauté, et malgré tout la montée des actes violents envers elle ?
Ma faible culture ne me permet d'extrapoler plus, et je me retrouve là sans conclusion et bardé de questions et de pistes à explorer...
3 réactions
1 De Pasfolle - 05/12/2003, 08:37
Je trouve que tu as raison de te poser la question. Le sionnisme reste un sujet supra-sensible, et c'est dommage, parce que moins on en parle, moins il y a d'échange et moins on se comprend...
2 De Michaël - 11/12/2003, 02:20
la question ne se pose pas en ce sens.
Tout d'abord, le "sionisme" est un terme à bannir de votre vocabulaire. Je doute qu'un seul Français sache vraiment ce que c'est et il ne faut pas tout confondre, être juif, être antisémite, être sioniste, ...
Ensuite, le malheureux "sketche" qui s'est passé chez MOF est un épisode très douloureux pour beaucoup de monde. En attisant la haine raciale, en tenant des propos antisémites et pronazis, en faisant des amalgames avec Israël et plein d'autres choses, Dieudonné aurait dû être arrêté et menotté sur le plateua et conduit en prison sur le champ, pour simple application de la loi.
Ce qu'il a fait est pire qu'un acte antisémite, il ne parlait pas d'un problème quelconque d'antisémitisme ou le contraire, il tenait des propos tout à fait horribles.
Pour information, être israëlin et être juif sont deux choses bien différentes, il y a quelques milliers de juifs en France qui ne sont tous Français, et non israëliens. Qu'ils approuvent ou pas la politique du gouvernement israëlien n'est même pas le propos, il y a des Français qui n'approuvent pas le gouvernement de Raffarin, d'autres qui n'approuvaient pas celui de Jospin, ...
[...]
3 De Damien - 11/12/2003, 11:23
Michaël, ce n'est pas en banissant en terme qu'on résoud un problème. Mettre des livres à l'index n'à jamais résolu un problème non plus. La première réponse de l'UEFJ à Dieudonné a d'ailleurs été d'apporter un exemplaire de "le sionisme expliqué à nos potes".
Votre commentaire va d'ailleurs dans le sens de mon interrogation, vous commencez par me réfuter, puis par me demander d'arrêter d'employer un mot (Sionisme : Mouvement politique et religieux ayant pour objet de reconstituer une nation juive en Palestine. Dictionnaire de l'académie, 8ème édition), puis présupposer que je ne connais pas la différence entre trois mots, et enfin en lançant un appel à la violence. Le sujet est très sensible, d'où mes interrogations.
Mais ce n'est pas le seul sujet sensible à l'heure actuelle, et pourtant c'est dans ma perception le seul qui déclenche des réactions aussi vigoureuses. Et pour revenir sur ce que disait Pasfolle de son Texas lointain et pourtant si proche dans l'actualité, vous voyez bien que c'est à la base un problème d'incompréhension : "Ce qu'il a fait est pire qu'un acte antisémite, il ne parlait pas d'un problème quelconque d'antisémitisme ou le contraire, il tenait des propos tout à fait horribles." On comprend dans cette phrase que ces propos vous ont profondément choqué et même blessé, mais on ne comprend pas vraiment pourquoi, enfin moi au moins. Et ce n'est certainement pas en m'accusant de ne pas savoir la différence entre un juif et un israëlien que cela va changer.