Si je comprends bien, tout a commencé lorsque le gouvernement Raffarin a tenté de faire passer une réformette du système des pensions qui avait pour objectif d'éviter de foncer droit dans le mur, notamment en atténuant quelque peu (pas assez cependant d'après Alain Madelin) les privilèges scandaleux dont jouissent les fonctionnaires.
"Les privilèges scandaleux dont jouissent les fonctionnaires", c'est bien tourné, on dirait que ça a été écrit par un trotskiste, mal joué pour l'auteur :-) Voici un extrait de ce qu'on trouve pour "scandale" dans l'indispensable Trésor de la Langue Française informatisé (je ne trouve rien concernant les droits de reproduction sur le site...):
- A. Ce qui paraît incompréhensible et qui, par conséquent, pose problème à la conscience, déroute la raison ou trouble la foi.
- B. 1. Grand retentissement d'un fait ou d'une conduite qui provoque la réprobation, l'indignation, le blâme.
- B. 2. Réprobation, indignation ainsi provoquée.
- C. Grave affaire à caractère immoral où sont impliquées des personnes que l'on considérait comme honorables, dignes de confiance.
Visiblement l'auteur a un problème avec certains privilèges des fonctionnaires. Selon la définition choisie, certains privilèges sont incompréhensibles ? Il suffit de trouver les textes qui les ont mis en place, tout simplement. Ces privilèges méritent la réprobation, l'indignation et le blâme ? N'oubliez pas de cracher à la figure de votre facteur si vous le croisez :-) Ce sont des privilèges immoraux alors ? Vaste question que la moralité dans un espace laïc. Personellement je ne vois pas de problème de moralité à percevoir une prime de charbon au temps du TGV, on choisit son travail aussi en fonction des avantages qui y sont liés !
Autre passage poignant :
L'association libérale française "Liberté, j'écris ton nom" organise une grande manifestation pour protester contre le blocage du pays par les syndicats. [...] Contre toute attente, les victimes du blocus se sont rendues en masse au lieu de rendez-vous pour exprimer leur ras-le-bol, sans se faire arrêter par des syndicalistes ennemis de la liberté d'expression quand elle est utilisée pour défendre un autre point de vue que le leur.
La manifestation en question date du 15 juin dernier, avec plus 150.000 participants selon les organisateurs, et 18.000 selon la préfecture de police : j'ai rarement vu un si grand écart entre les deux estimations. En tout cas, pour LA manifestation de LA majorité silencieuse, ça ne fait pas grand monde. On notera une fois de plus le choix soigné du vocabulaire, qui nous ramène aux plus beaux tracts des organisations aux doux noms de FLNC, ETA... Et on continue :
Quelques jours à peine ont passé et voilà que nos amis les "intermittents du spectacle" se mettent à leur tour en grève. Vous me direz qu'en tant qu'intermittents ça ne doit pas les changer beaucoup de ne pas travailler, mais bon, il paraît que la culture est en danger.
Hmmm, les vieux clichés qui fleurent bon la démagogie... Et le summum :
Ces pantalonnades à répétition doivent sans doute bien faire rire nos cousins d'Outre-Manche et d'Outre-Atlantique, mais leurs moqueries n'atteignent pas les Français, car elles émanent de pays où "l'ultralibéralisme triomphe".
Sincèrement, qu'est ce qu'on en a à faire de ce que nos cousins d'Outre peuvent bien en penser ? Et même dans cette vision, en sont ils pour autant des modèles ? On sait bien que l'idole de Sabine Herold (porte parole de l'association "Liberté, j'écris ton nom", on est bien heureux que l'école lui ait appris quelque chose) est Margaret Tatcher, connue pour son combat pour la démantèlement des syndicats, et la privatisation des chemins de fer britanniques qui a conduit à une bonne centaine de mort de voyageurs (je suppose que ça n'est pas scandaleux :-).
Il se fait tard, au dodo.