Durant mes heures perdues, j'officie en tant que co-modérateur (cynique, il va sans dire) du joyeux forum Bonjour Shanghaï. Je dis joyeux, malgré les hordes de francequitombeux qui débarquent au quotidien, car il l'est. Sur Bonjour Shanghaï, le français qui débarque (au sens propre comme au figuré) trouvera des oreilles pour l'écouter, des yeux pour le lire, et des petits doigts boudinés pour le renseigner, répondre à ses angoisses, ou lui confirmer ses pires craintes. Car oui, avant les blogs existaient les forums, et ils n'ont pas encore disparu, loin s'en faut. Evidemment ce forum n'est pas très 2.0, et ce pour une raison très simple. Au début il y eu SamZ, et Samz arriva à Shanghaï et ouvrit un CMS de communication et d'entraide, à destination des francophones, hébergé chez OVH et accessible à travers le domaine bonjourshanghai.com. La partie forum du site fonctionnait avec succès, jusqu'au jour où, censure chinoise ou bricolages d'Octave aidant, le site fut inaccessible en Chine (comme tous les sites en 60GP) : pas pratique. Le forum continua de vivre, mais alimenté uniquement par des personnes en France. SamZ étant injoignable, les modérateurs de l'époque ont pris la décision qu'il fallait prendre vu leurs connaissances web : parer au plus pressé, et ouvrir un forum hébergé sur une plateforme commune accessible depuis la Chine, d'où l'actuel Bonjour Shanghaï. Ce faisant, 60GP fut à nouveau accessible, et les forums de l'ancien Bonjour Shanghaï à nouveau lus par les personnes en Chine : ce fut l'occasion de faire passer le message de visiter désormais le nouveau site.

Voilà pour la petite histoire, à ce jour le nom de domaine en .com a été renouvelé par son ancien propriétaire, qui se trouverait quelque part en Europe de l'Est ; les données et les utilisateurs du forum hébergé ne sont pas exportables, étant donné que la plateforme commune utilise une version modifiée d'un logiciel open source, et prétexte qu'on ne saurait pas utiliser un export de la base de données. Ceci est d'autant plus dommage que désormais nous sommes deux modérateurs à avoir la capacité technique d'héberger Bonjour Shanghaï, mais repartir à blanc, c'est très mauvais.

Ceci par contre ne fait pas peur aux cybersquatteurs, qui ont choisit la méthode très chinoise de la contrefaçon. Il y a quelques jours donc, sort du néant le site bonjourshanghai.net. Ce site, ouvert en même temps ou presque que bonjourdubai.com (quelle surprise, même graphismes), bonjourlondres.com (ooh, nouvelle surprise), et j'ai la flemme de chercher les autres, une chose est sûre, ça s'expatrie fort du côté de Lingosheim, à moins que ce ne soit le nouveau point de chute de nos spammeurs toulousains. Sur bonjourshanghai.net, le vice pousse jusqu'à avoir recopié forum par forum la structure de Bonjour Shanghaï. Une fois le site en place, un "anonyme" prend contact avec nous, les modérateurs, pour savoir si nous sommes bénévoles, et après confirmation de ce statut, nous demande la bouche en cœur si on ne voudrait pas modérer les forums d'"un ami" qu'il "connaît peut-être", qui a ouvert un site dont il nous donne généreusement l'adresse : bonjourshanghai.net. Evidemment, cet ami qu'il ne connaît pas écrit avec exactement les mêmes fautes de syntaxe, d'orthographe et de grammaire que notre anonyme, envoie ses mails depuis le même modem ADSL chez Free dans la banlieue de Strasbourg, et se comporte exactement comme le super utilisateur miraculeusement inscrit sur les trois forums sus-cités. Cet utilisateur miracle, expatrié en même temps à Dubai, Londres et Shanghaï (au moins) (c'est grand la Lorraine quand même), explose le nombre de messages postés en trois jours sur chacun de ces forums. Bref, à Lingolsheim, on ne manque pas d'air. Le plan de nos cybersquatteurs est d'une clarté limpide, et se résume en un mot et deux chiffres : web 2.0. Et oui, la vente d'espace publicitaire en ligne de mire, avec aussi sans doute des liens croisés avec les autres activités de "nos compères", à savoir l'import-export depuis les pays asiatiques pour celle qu'on a retrouvé.

Que faire quand on est attaqué de cette façon ? A la façon d'un dotclear2.com, les "auteurs" de ces faux sites font ça "pour aider", "parce qu'ils faut s'entraider", mais ils ne précisent pas s'ils sont prêts à partager les revenus de cette activité. Evidemment, quel risque à s'attaquer à une petite équipe de bénévoles située à dix milles kilomètres de là ? Pourquoi s'embêter à être honnête quand un bon gros mensonge de commercial pseudo-humaniste est si facile à conserver comme seule ligne de discussion ? Dans les communications avec ces gens (et encore, sont-ils plusieurs ? les noms de domaines ont été créés avec deux noms différents, mais le doute subsiste), la stratégie des épiciers est appliquée à la lettre : trouver le chef, le flatter, le rassurer, lui promettre un bout de lune, le valoriser auprès de son "équipe", etc... Ca marche très bien auprès des jeunes (et vous comprendrez mieux l'âge moyen des employés des SSII), mais malheureusement, c'est une stratégie du Sentier, qui ne fonctionne bien qu'en face à face, et pas avec un adversaire qui a une communication interne pendant la conversation. Malheureusement, tout cela ne nous donnes pas encore de stratégie pour l'avenir, et tous ce que nous sommes en mesure de faire pour l'instant, est d'espérer que Google ne se trompera pas de cible, ce qui dans l'état actuel du calcul du Pagerank est de mauvaise augure.